Source, Le Monde, blog, “l’interconnexion n’est plus assurée” d’Olivier RAZEMON, le 18/02/2017
Une aide de 200€ pour tout acheteur de vélo à assistance électrique
VAE en bois, Epinal, 2013. Copyrigh… L’Etat accorde désormais une subvention de 200€ pour l’achat d’un vélo à assistance électrique. Le décret instituant cette mesure, attendu depuis quelques semaines, a été publié ce samedi 18 février au Journal officiel. Tous les acheteurs pourront en bénéficier, sur présentation de leur facture, à partir du 19 février et jusqu’au 31 janvier 2018. L’aide sera versée une fois à chaque acheteur, et non pour chaque achat.
La mesure fait partie des dispositions prises par le gouvernement pour avantager « la mobilité électrique », expression fétiche de Ségolène Royal. Les voitures électriques disposent déjà de subventions, tout comme les deux-roues motorisés. La ministre, appelle régulièrement de ses vœux « la révolution du transport électrique ». Sur France 2, un matin frisquet de janvier, elle vantait même les déplacements à bicyclette, « quand il fait peut-être moins froid », précisait-elle (à 1’16’’ de cette vidéo)
La Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), qui rassemble 230 associations locales, le Réseau action climat ou la Fédération des usagers des transports (Fnaut) demandaient depuis des mois que les aides « à l’électrique » concernent également les vélos. Ces associations espèrent un report des trajets aujourd’hui effectués en véhicule polluant (voiture ou scooter) vers le mode actif qu’est le vélo, même s’il est doté en l’occurrence d’une assistance au pédalage. Le Club des villes et territoires cyclables, qui rassemble un millier d’élus locaux, avait fait de cette mesure l’une de ses principales demandes.
Assistance au guidon. DR Effets pervers. La signature du décret a pris un peu de temps. Le grand bouillon gouvernemental, dans lequel est immanquablement plongé un projet de décret, soupesait le pour et le contre. Puisque les vélos ne font l’objet d’aucune immatriculation, le ministère des finances craignait un risque de fraude. Une personne pourrait présenter, avec la complicité d’un marchand de cycle, une facture pour un vélo qu’elle n’aurait pas acheté. Un risque faible, puisque amenant le vendeur à produire une fausse facture, mais à Bercy, lorsqu’on accorde un subside, on s’intéresse au moins autant à ses effets pervers qu’à ses effets tout court.
Délicieux jargon. Un autre débat agitait les ministères. Au-delà des vélos à assistance électrique (VAE, appelés « cycles à pédalage assisté » par le Journal officiel, décidément quel délicieux jargon administratif), la mesure devait-elle s’appliquer également aux autres véhicules personnels fonctionnant à l’électricité, trottinettes, hoverboards et autres gyropodes ? C’est finalement le cas, puisque la mesure concerne aussi « les véhicules à moteur à deux ou trois roues » et les « quadricycles à moteur électrique, d’une puissance maximale nette du moteur, inférieure à 3kW ». En revanche, le décret exclut les objets utilisant des batteries au plomb.
En subventionnant à l’achat les VAE, l’Etat ne fait que donner une envergure nationale aux aides accordées depuis plusieurs années par de nombreuses villes ou agglomérations. La « subvention Royal » n’est par ailleurs pas cumulable avec une aide accordée par une collectivité.
Vélo à assistance musculaire, Par… Assistance musculaire. La mesure sera à ranger, avec l’indemnité kilométrique facultative ou quelques modifications du code de la route, dans les quelques timides dispositions prises sous ce quinquennat pour développer la pratique du vélo. Elle ne fait toutefois pas partie de celles qui étaient le plus attendues par les associations pro-vélo.
Le simple « vélo à assistance musculaire », ne bénéficie d’aucune aide concrète. « C’est dans les infrastructures qu’il faut investir ! Là, vous donnez de l’argent aux constructeurs et importateurs de vélo », s’étrangle @LembourgSimon sur Twitter. Aide ou pas, on utilise facilement le vélo pour se déplacer lorsque l’on se sent en sécurité, que la circulation est apaisée, qu’il est simple de traverser un carrefour ou un pont. Le secret d’une politique cyclable réussie s’appuie surtout sur un urbanisme bien pensé.
L’impact de la subvention sera difficile à évaluer. « De toute façon, il se vend chaque année davantage de VAE que l’année précédente. Les ventes auraient donc progressé en 2017, avec ou sans aide à l’achat », estime Olivier Schneider, président de la FUB. Et puis, comme le souligne Presse papiers, « les aides font souvent monter les prix ». La « subvention Royal » réjouit incontestablement les marchands de « cycles à pédalage assisté ».
Olivier Razemon